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Le blog de ACHILLE - Chroniques Notariales

un clerc divorcé qui se noie dans les problèmes de divorce de ses clients

RAPPORT DE FORCE.

Aujourd’hui, l’avocat me présente une femme petite, aux formes douces et arrondies, au visage rond, pâle, aux yeux profonds et aux cheveux, cils et sourcils blonds comme les blés. Un long exposé commence. Monsieur et Madame, tous deux ingénieurs commerciaux, ont bâti en France un patrimoine conséquent comprenant résidences principales et secondaires, bateaux, placements et sociétés diverses et variées. L’âge venant, et l’envie de récolter à plein le fruit de leur labeur, les époux et leurs enfants, partent faire fortune à l’étranger, afin de ne plus payer d’impôts. Cependant, Monsieur s’accoutumant parfaitement aux coutumes locales, construit, outre de nombreuses sociétés, bateaux et résidences, deux domiciles, deux chez lui, deux petits nids, celui de sa femme, et celui de sa maîtresse. Il informe poliment les intéressées de son ambition et ne comprend absolument pas le refus catégorique de l’épouse, qui contrarie tous ses projets. Un conflit s’installe qui n’arrivera pas à s’étouffer. Monsieur ne veut pas comprendre, il ne trompe pas son épouse, il lui a bien expliqué. D’ailleurs il ne comprend pas ces hommes qui cachent tout à leur femme. Lui, il est franc, il n’a rien à se reprocher, Dieu en est témoin. Il vit sa bigamie ouvertement, et donne les moyens à ses deux conquêtes de vivre en parfaite harmonie, les enfants auront deux mamans.

Je ne sais rien de l’autre, si ce n’est qu’elle est blonde aussi, et extrêmement jeune. Je ne sais rien de son soi-disant accord ou de son intérêt pour cette situation.

Le rapport de force est contre Madame, elle tente de remettre son époux sur le droit chemin, mais celui-ci n’en démord pas, il est sur la bonne voie, la voie de la rédemption. Il revit littéralement, se fabriquant une nouvelle jeunesse. Sa femme est vieille de penser de façon aussi rétrograde, d’ailleurs ce n’est plus sa femme puisqu’elle se refuse. Il faut consentir à une union et puisqu’elle n’y consent plus, elle n’existe plus. Mais les sociétés qu’elle dirige n’existent plus non plus, des coquilles vides, la maison ne lui a jamais appartenu, c’est lui qui réglait les prêts et factures. Elle demandait parfois pourquoi tout était à son nom, « mais toi ou moi c’est pareil », l’attendrissait-il. C’est vrai, dans un couple, toi ou moi c’est la même chose. Mais pas quand on est marié sous le régime de la séparation des biens, pas patrimonialement du moins. Madame ne peut plus rien prouver, elle a quitté l’étranger avec ses enfants, mais sans papiers, sans relevés de comptes, sans documents. Monsieur est persuadé d’ailleurs qu’il conservera la garde des enfants, et laissera sa nouvelle « épouse » s’occuper d’eux, leur éducation étant bien meilleure dans les écoles françaises privées de l’étranger, que dans nos collèges provinciaux. Son ex-épouse n’aura d’ailleurs pas assez de revenus pour s’occuper d’eux.

Madame n’a plus qu’une arme, la dénonciation au fisc, pour tenter de renverser la vapeur. Mais Madame a fort peur, car ce qu’elle dénonce, l’accuse, elle aussi, de fraude fiscale. Se tirer une balle dans le pied est-il le meilleur moyen de se sauver ?

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