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Le blog de ACHILLE - Chroniques Notariales

un clerc divorcé qui se noie dans les problèmes de divorce de ses clients

LA DOUBLE VIE OU LE MEILLEUR ET LE PIRE.

Au début, Madame s’étonnait de l’impuissance de Monsieur. Celle-ci n’étant que passagère, elle ne s’en inquiétait pas plus que cela.

Puis vint un temps où cette impuissance devint pratiquement chronique.

Madame, dans un premier temps, indulgente comme de coutume, se persuadait de tous prétextes pour excuser « l’absence » de son mari :

Son travail, le stress, ses difficultés avec son employeur, trop de travail, toujours trop de travail, quelque harcèlement moral qu’il racontait parfois, encore trop de travail. D’ailleurs, Monsieur s’absentait beaucoup dans le cadre de sa fonction. Il n’avait d’ailleurs plus que ce mot à la bouche. Madame en vint à s’interroger. Puis à interroger Monsieur lui-même, qui lui rétorquait pour seule réponse qu’elle-même était dépressive, donc paranoïaque.

Madame s’en va voir un psychanalyste comme de juste, pour combattre son isolement et sa détresse. Cette fonction étant antérieurement dévolue aux seuls prêtres, les PSYS sont devenus légions, leurs cabinets croissent au fur et à mesure que se vident les églises.

Celui-ci lui ordonne entre médecines et potions diverses, de prendre un amant (ce que n’aurait pas fait un curé !)

Prend amant au printemps qui veut, à l’automne prend qui peut. Madame, le héron faisant, ne trouve pas chaussure à son pied.

Les années passent.

Madame s’en vient apprendre absolument par hasard, entre deux cures de désintoxication, par ses fils bien intentionnés, que Monsieur a une double vie.

En quelques secondes, tout s’explique, les absences, l’impuissance contre laquelle elle s’ingénia, de toute façon sans succès, la dépression, le psychanalyste.

Madame est maintenant en hiver, le psychanalyste étant devenu plus encore une drogue que ses remèdes, il faut une bonne prestation compensatoire pour le régler.

Après quelque réflexion, tirée notamment de guides bien intentionnés du genre « comment divorcer en douceur et vous faire un maximum de blé », notre cliente dut envisager l’aspect financier des choses. Être une femme bafouée, peut-être, mais non sans compensation. Or, les risques étaient sérieux de baisse de train de vie. Madame, on ne peut lui reprocher, tenta de reconquérir Monsieur, de le conserver, de le reprendre, de l’emporter dans un nouvel élan de séduction, satisfaction également éprouvée que Monsieur n’était finalement pas si impuissant que cela.

Cinq ans avaient passé, après beaucoup d’hésitation, qui durèrent encore plusieurs années, Monsieur avoua, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Monsieur demanda le divorce, vécut de beaux jours avec sa maîtresse devenue sa concubine, non sans avoir craché au bassinet de la prestation compensatoire et du partage de communauté.

J’en veux à ces maris. Je comprends qu’il ne soit pas « bandant » de rester avec une vieille « moche » qui ne veut pas rapporter un kopek à la maison, trouvant qu’élever ses enfants est déjà une bien lourde tâche pour ne pas avoir à s’encombrer plus l’esprit.

Je leur en veux, car à l’origine ils sont bien contents d’avoir toujours « bobonne » à la maison pour leur faire à manger, leur repasser leurs chemises, leur plier leurs slips.

À ce propos, mes clientes m’amusent, qui me racontent qu’ignorantes du « Lieu » où leurs maris allaient s’ébattre pour des agapes plantureuses, elles les parfumaient, leur choisissaient leur slip, chaussettes, chemise, cravate, et leur attachaient jusqu’à leurs boutons de manchette, persuadées qu’ils se rendaient à une soirée professionnelle importante. Alors qu’ils allaient se vautrer dans le lit d’une femme « libre » qui leur dirait « ta femme a bien choisi, ta cravate va tellement bien avec ta chemise et ton costume ! »

* * *

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