MEURTRE OU DIVORCE.
Un instant, j’ai troqué le costume cravate contre le maillot, baskets du touriste, me voici dans un bar, accoudé au comptoir, tentant de recueillir, quelques brèves en buvant une bière bien froide. Il fait chaud, je n’en crois pas mes oreilles.
Dans le pays de Monsieur, on ne divorce pas. Le divorce est interdit par la loi.
Dans le pays de Monsieur, on meurt d’amour, on meurt de ne pas être aimé.
Monsieur me jure que dans son pays, on ne tue pas.
Le fait est pourtant là. Madame a été tuée par Monsieur, de plusieurs coups de couteau, dans sa cuisine, la veille de l’audience.
Monsieur qui s’est livré, a été condamné et emprisonné. Monsieur a fait son temps, sorti avant la fin de la peine pour bonne conduite, c’est courant en matière de crime passionnel. J’apprends.
Monsieur me raconte son histoire sans fin, sa femme qu’il croyait amoureuse, soumise, qui se révèle hypocrite, intéressée et infidèle.
Monsieur qui lui fait des crises se doutant de quelque chose.
Madame qui lui fait boire des breuvages pour l’endormir.
Madame qui l’ensorcelle au lieu de le calmer.
Et Monsieur qui la tue par les armes qu’elle emploie, par le poison qu’il a dans le sang, qui le fait agir contre son gré.
Le jury aurait pu comprendre.
Monsieur me dit qu’il ne voulait pas divorcer, partager les biens, se séparer d’elle.
C’est fait.
Monsieur relate. Il n’aurait jamais tué Madame, s’il n’avait pas été empoisonné, petit à petit, comme Napoléon Ier à l’arsenic, sauf que lui, il en est sûr, c’étaient des philtres d’amour, pas d’endormissement.
La preuve, me dit Monsieur, cette cure de désintoxication qu’il a dû entamer en prison pour éviter de se taper la tête contre les murs.
Un avocat, premier avocat pénaliste que je rencontre, m’explique qu’il n’y a rien de plus banal que le crime passionnel. Que nombreux sont les hommes, les femmes qui tuent leur conjoint ou tentent de le tuer, apprenant leur demande en divorce. Que nombreux sont les hommes, les femmes qui empoisonnent leur conjoint, mais que ce n’est pas toujours réussi, et que nombreux sont ceux qui croient à toutes les balivernes des marabouts, gourous ou autres sorciers en tout genre pour tenter de sauver leur couple.
La violence conjugale est un fait de société qui va jusqu’à la mise à mort. Le domicile conjugal est une arène.
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Krajina Trninic 22/11/2020 10:43
Alia Hoedt 08/11/2020 17:20
Angelina Simas 10/10/2020 03:00
Ana Mihai 17/09/2020 01:21
ericksonmilner 08/09/2020 10:56