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Le blog de ACHILLE - Chroniques Notariales

un clerc divorcé qui se noie dans les problèmes de divorce de ses clients

ACCUSATIONS Dans mon bureau

-         Nous sommes venus tous deux chercher des renseignements.

-         Je ne pourrai vous donner rien de plus. Votre mère en qualité d’épouse commune en biens a choisi le notaire chargé du règlement de la succession.

-         Notre mère peut-elle refuser la succession de son époux ?

-         Bien entendu, cependant elle aurait intérêt à l’accepter.

-         Si elle veut la guerre avec nous.

-         Tout notaire ou avocat normalement constitué lui conseillerait d’accepter la succession de son époux, celle-ci étant bénéficiaire. Il n’y a aucune restriction concernant un époux en instance de divorce, sauf si lui-même a fait un testament privant son conjoint de ses droits dans sa succession.

-         Ce qui n’est pas le cas, n’est-ce pas ?

-         Oui, Mademoiselle.

-         Pourquoi refuserait-elle quelque chose qui lui vient tout cuit alors que papa s’est tué au travail pour constituer ce patrimoine.

-         C’est votre mère. Elle a sûrement participé à la carrière de son époux.

-         Si vous voulez mon avis, ce fut un frein, et particulièrement depuis cinq ans.

-         Précédemment, c’était une hystérique qu’on ne pouvait jamais satisfaire. Puis lorsqu’elle a enfin pu faire sortir de sa gorge, son besoin de prendre du champ, elle n’eut de cesse de demander à mon père d’organiser leur séparation, alors qu’il en était malheureux comme les pierres.

-         Et il l’a fait, ne reviens pas sur le passé. Nous n’en sommes plus là.

-         Nous allons pourtant devoir faire tout ce qu’ils n’ont pas fait.

-         Si je puis me permettre, ce décès brutal est tout aussi lourd pour votre mère que pour vous deux, ne prolongez pas le divorce. Vous êtes trois maintenant, pas deux contre un.

-         Ni un contre deux, Maître.

-         Tu n’en sais rien, tu n’as pas encore eu l’occasion d’en parler avec maman depuis le décès.

-         Si, je lui ai parlé. Elle a réclamé son dû !

-         Et alors, tu n’as pas tué ton père pour hériter, tu ne vas pas tuer ta mère pour qu’elle n’hérite pas !

-         Toi aussi, tu es contre moi. Ce n’est pas grave. Papa aurait voulu que je poursuive le combat.

-         Non, il aurait fait un testament, il t’aurait donné des armes s’il avait voulu que tu poursuives un quelconque combat.

-         Mais il n’en a pas eu le temps, il en a été empêché par maman.

-         Permettez-moi d’insister, votre père de son vivant, souhaitait avec les fonds qu’il toucherait, acheter une maison à la mer, un voilier, vous acheter chacun un appartement et vivre tranquillement avec son épouse. Il pensait, comme nous en connaissons tous des exemples, qu’ils allaient divorcer et qu’ils seraient alors plus proches, puisque libérés de toute contrainte. Il pensait que le juge allait accorder à Madame la moitié de ce que les époux possédaient au jour de leur séparation, et trois cent mille euros à titre de prestation compensatoire, ce qui lui ferait en tout huit cent mille euros, et qu’il pourrait disposer du reste pour faire les acquisitions envisagées, parce que le juge se rendrait bien compte que c’est depuis son départ que votre père avait gagné beaucoup d’argent.

-         Parce qu’elle était un boulet.

-         Preuve qu’il s’est donné plus dans son travail quand les plaisirs familiaux lui étaient refusés.

-         Ne divorcez pas de votre mère.

-         C’est trop tard, je repars en Afrique.

-         Je pars en Inde, justement pour ne plus avoir de conflit avec elle. Elle fait ce qu’elle veut, sans nous.

* * *

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